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Gallimard
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À la recherche du temps perdu Tome 1 : du côté de chez Swann
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Blanche
- 7 Février 1992
- 9782070724901
«Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté... Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur goutelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.»
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À la recherche du temps perdu Tome 2 : à l'ombre des jeunes filles en fleurs
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Blanche
- 7 Février 1992
- 9782070724918
Le deuxième tome de À la recherche du temps perdu, dans son édition intégrale la plus compacte.
Ce volume contient Autour de Mme Swann et Nom de pays : le pays. Dans ce tome le narrateur devenu adolescent fait l'expérience, souvent douloureuse, de ses premiers émois artistiques et amoureux.
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À la recherche du temps perdu Tome 3 : le côté de Guermantes
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Blanche
- 13 Avril 1992
- 9782070726370
«- Monsieur, je vous jure que je n'ai rien dit qui pût vous offenser.
- Et qui vous dit que j'en suis offensé, s'écria M. de Charlus avec fureur en se redressant violemment sur la chaise longue où il était resté jusque-là immobile, cependant que, tandis que se crispaient les blêmes serpents écumeux de sa face, sa voix devenait tour à tour aiguë et grave comme une tempête assourdissante et déchaînée... Pensez-vous qu'il soit à votre portée de m'offenser ? Vous ne savez donc pas à qui vous parlez ? Croyez-vous que la salive envenimée de cinq cents petits bonshommes de vos amis, juchés les uns sur les autres, arriverait à baver seulement jusqu'à mes augustes orteils ?»
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À la recherche du temps perdu Tome 4 : Sodome et Gomorrhe
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Blanche
- 10 Avril 1992
- 9782070726387
Nouvelle édition en un volume en 1992
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À la recherche du temps perdu Tome 5 : La prisonnière
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Blanche
- 23 Mai 2000
- 9782070726394
Nouvelle édition en un volume en 1992
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À la recherche du temps perdu : un amour de Swann
Marcel Proust
- GALLIMARD
- 28 Février 1984
- 9782070701407
Un amour de Swann est un fragment de À la recherche du temps perdu, la deuxième partie de Du côté de chez Swann. Son sujet en est l'amour et la jalousie qu'éprouve Swann pour Odette de Crécy. C'est pourquoi il a depuis toujours fait l'objet d'éditions séparées, comme s'il constituait un petit roman autonome.
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À la recherche du temps perdu : coffret
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 14 Avril 2022
- 9782072980251
Pour un nombre considérable de lecteurs, À la recherche du temps perdu est une oeuvre à part, la référence, le Livre. Au catalogue de la Pléiade, le coffret réunissant ses quatre volumes fait figure de navire amiral. L'établissement du texte, l'appareil critique, les Esquisses qui révèlent le roman en formation rendent cette édition irremplaçable. Selon toute vraisemblance, ce n'est que par crainte de devoir acquitter un supplément de bagage que les voyageurs ne l'emportent pas plus souvent sur l'île déserte. À l'occasion du centième anniversaire de la mort de Proust, la Pléiade propose à titre exceptionnel, et à tirage limité, le texte de la Recherche, intégral et nu (les notes et les Esquisses restant l'apanage de l'édition en quatre volumes), en deux tomes d'environ 1500 pages chacun. Ce tirage satisfera les globe-trotters, sans leur être réservé. Les sédentaires le placeront près de leur fauteuil. Les promeneurs le glisseront dans leurs poches. Toute table de chevet pourra l'accueillir. Une oeuvre-monde, toujours à portée de main, explorable à l'infini.
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En 1971, la Pléiade publiait «Contre Sainte-Beuve» précédé de «Pastiches et mélanges» et suivi de «Essais et articles». L'édition qui paraît aujourd'hui est dotée d'un sommaire considérablement enrichi et d'un titre qui témoigne de ses intentions. Exit le triple intitulé dominé par le massif central du Contre Sainte-Beuve. Choisir le titre Essais, c'est reconnaître à la fois l'unité et l'incertitude générique de l'oeuvre de Proust.Comme le souligne Antoine Compagnon, Proust fut toujours partagé, dans son désir d'écrire, entre narration et réflexion. Son roman est riche de développements critiques. Son oeuvre de réflexion connaît des développements romanesques. Son projet sur Sainte-Beuve, il le qualifie d'«essai», terme qui s'appliquait à des textes à la composition très libre. À preuve, la définition que le critique du Figaro, André Beaunier, donne de «Sur la lecture», préface de Proust à Sésame et les lys de Ruskin (1906) : «un essai original, et délicieux, émouvant, plaisant, gai parmi les larmes, mélancolique avec discrétion ; les souvenirs s'y mêlent aux rêveries, la fantaisie à la réalité, comme dans l'âme d'un philosophe très sensible». Des lignes qui annoncent l'expérience unique qu'offre la lecture des essais de Proust.Incertitude générique, donc : les Pastiches et mélanges reprennent en 1919 «Sur la lecture» et d'autres essais essentiels, mais aussi les pastiches de «l'affaire Lemoine», cette «critique en action» dans laquelle le récit a toute sa place. Et Contre Sainte-Beuve est certes un essai, mais narratif : c'est au cours d'une conversation avec sa mère que l'auteur entend critiquer la méthode de Sainte-Beuve. Mais voici que surgissent des personnages, Swann, les Guermantes, un Montargis au profil de Saint-Loup, un Guercy qui annonce Charlus. Ces développements romanesques constituent un nouveau départ pour le roman que l'on sait. Ils signent aussi la fin du projet Sainte-Beuve et expliquent pourquoi Contre Sainte-Beuve n'existe que dans l'idée qu'on s'en fait. Dans sa première édition (1954), le livre comportait des chapitres romanesques. Dans la seconde (1971), seules étaient retenues les pages critiques. On propose ici un «Dossier du Contre Sainte-Beuve», titre et dispositif plus conformes aux manuscrits conservés.Quant aux nombreux essais - critiques, études, chroniques, entretiens ou amples analyses -, ici plus nombreux que jamais, parus dans les revues et journaux du temps et non recueillis par Proust, ou encore révélés après sa mort, ils témoignent de l'ambition littéraire la plus haute et sont l'accompagnement obligé de la Recherche.
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À la recherche du temps perdu Tome 1
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 1 Octobre 1987
- 9782070111268
Cette édition d'À la recherche du temps perdu présente l'oeuvre de Marcel Proust sous un jour entièrement nouveau. Les trente ans qui nous séparent de l'édition précédente ont permis de connaître un ensemble de documents uniques au monde, et que nous sommes seuls à pouvoir offrir au lecteur. Ainsi, dans ce volume, à la suite de Du côté de chez Swann et de la première partie d'À l'ombre des jeunes filles en fleurs, on lira un choix très large d'esquisses tirées des cahiers de brouillon qui donnèrent naissance au texte définitif, seul connu du public jusqu'à ce jour : quatre cents pages, qui ont déjà la beauté de l'oeuvre achevée mais gardent le charme propre aux commencements, et font découvrir de nombreux faits, de nombreuses idées, de nombreux personnages inconnus. Ces inédits et ceux que l'on trouvera dans les variantes du volume composent une véritable biographie littéraire. Au service de ce dessein, un appareil critique réunit la documentation la plus complète possible et permet de comprendre les allusions les plus énigmatiques. Le texte lui-même a été réétabli grâce à des documents dont nous disposions pour la première fois : il est désormais plus proche de ce que souhaitait son auteur. Roman comique, roman tragique, roman d'aventures, roman érotique, roman poétique, roman onirique, roman d'une expérience unique, somme de tous les romans et de deux mille ans de littérature, À la recherche du temps perdu est devenu un monument historique. Mais c'est un monument encore habité.
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à la recherche du temps perdu Tome 7 : le temps retrouvé
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Blanche
- 3 Août 1992
- 9782070726653
Nouvelle édition en un volume en 1992
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à la recherche du temps perdu Tome 2
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 22 Mars 1988
- 9782070111367
Ce volume contient la deuxième partie d'À l'ombre des jeunes filles en fleurs, «Noms de pays : le pays» et Le Côté de Guermantes. Il marque ainsi le passage de la rêverie au réel. «Noms de pays : le pays » fait écho à «Noms de pays : le nom» et affronte à la poésie du nom de Balbec la réalité du lieu, comme Le Côté de Guermantes dévoile les Guermantes-personnages après que le narrateur a rêvé sur Guermantes-nom de personne. C'est à Balbec qu'apparaît la petite bande des jeunes
filles pour qui le héros éprouve un amour «indivis», avant qu'Albertine ne vienne rompre, en émergeant du groupe, la cohésion où se neutralisaient «les diverses ondes sentimentales» que propageaient les jeunes filles. À Balbec que le narrateur rencontre le peintre Elstir, dont la conversation se fait leçon : d'où naît un nouveau pouvoir de regarder, une façon nouvelle de voir, grâce à cette métamorphose qu'est l'art, la beauté des choses là où il était impossible d'imaginer qu'elle fût. À Balbec encore que se dessinent les figures de Mme de Villeparisis, de Robert de Saint-Loup, du baron de Charlus, que Le Côté de Guermantes replacera dans leur contexte social et qui, avec d'autres, feront de cette partie d'À la recherche du temps perdu le roman de l'aristocratie, comme Du côté de chez Swann était celui de la bourgeoisie ; temps et lieu de la mort de l'enfance et de l'oubli de l'art - ramené à quelques apparitions mondaines -, Le Côté de Guermantes voit s'effacer, dans la mort, la maladie ou l'absence, les personnages combraysiens et s'ouvrir devant le narrateur ce monde neuf - le Monde - où s'abîment les illusions. On découvrira, à la suite des textes et sur plus de 400 pages, les versions primitives de «Noms de pays : le pays» et du Côté de Guermantes. Leur intérêt et leur richesse ne sont plus à démontrer. Il n'est que de rappeler la réponse d'Elstir à son jeune visiteur admirant une de ses toiles, Le Port de Carquehuit : «J'ai fait une petite esquisse où on voit bien mieux la cernure de la plage. Le tableau n'est pas trop mal, mais c'est autre chose.» -
à la recherche du temps perdu Tome 3
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 24 Novembre 1988
- 9782070111435
Ce volume contient Sodome et Gomorrhe, La Prisonnière et près de trois cents pages d'Esquisses relatives à
ces deux textes. Annonçant en 1920 la publication du Côté de Guermantes au critique du Temps, Proust écrivait : «C'est encore un livre "convenable". Après celui-là, cela va se gâter sans qu'il y ait de ma faute. Mes personnages ne tournent pas bien ; je suis obligé de les suivre là où me mène leur défaut ou leur vice aggravé.» De fait, Sodome et Gomorrhe ne passa pas pour un livre «convenable». Mais au-delà du scandale, sa réussite repose sur sa structure : comme souvent dans À la
recherche du temps perdu, deux côtés opposés, en apparence incompatibles, vont se rejoindre, puis se confondre. Les Esquisses présentées dans ce volume montrent comment le violoniste Morel devint peu à peu un double d'Albertine. Sous l'égide de Baudelaire - qui fut fasciné par les lesbiennes et dont Proust ne doutait pas qu'il eût pratiqué l'homosexualité - et en contradiction avec le vers de Vigny - «La Femme aura Gomorrhe et l'Homme aura Sodome» - sur quoi s'ouvre le volume, ces deux personnages relient les deux côtés et confèrent ainsi à la vision proustienne de l'inversion toute son originalité. Sodome et Gomorrhe commence par une révélation. La Prisonnière est la quête d'un impossible bonheur, d'une illusoire sécurité, d'un savoir toujours fuyant. Albertine
est prisonnière du narrateur, mais non pas son secret. Le récit se fait l'écho de l'ambiguïté de la relation de Proust à la connaissance. On n'aime jamais que ce qu'on ne possède pas, et le besoin du mystère vient se heurter à celui de la sécurité : entre crainte et désir du réel, entre curiosité et habitude, se joue devant nous la tragicomédie d'un couple qui n'existe sans doute que par ces tierces personnes, aussi nécessaires que dangereuses, dont la présence n'est jamais aussi sensible que lorsqu'elles sont ailleurs. La Prisonnière, texte publié posthume et ici entièrement réétabli, est le lieu d'une quête jamais achevée de la vérité ; c'est également celui du rougeoyant Septuor de Vinteuil qui offrira cette leçon grosse de promesses : l'art n'est peut-être pas aussi vain et irréel que la vie. -
à la recherche du temps perdu Tome 6 : Albertine disparue
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Blanche
- 18 Juin 1992
- 9782070726646
Nouvelle édition en 1992
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à la recherche du temps perdu Tome 4
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 4 Octobre 1989
- 9782070111640
Un homme expulsé de lui-même, réfugié dans son oeuvre, métamorphosé en roman ; un roman en perpétuelle mutation, en vie, toujours plus autre et toujours plus lui-même ; un extraordinaire travail de la mémoire - et de l'imaginaire - à la recherche des paradis perdus, qui sont les seuls vrais paradis ; un art qui fait oublier l'art ; une oeuvre d'art et une théorie de l'art ; et finalement le rêve d'une synthèse de tous les arts : À la recherche du temps perdu est tout cela, et encore ceci : la recréation d'un univers, distinct du monde réel, non littéraire, qui lui a donné naissance, mais vivant en nous et survivant, une fois refermé le livre, en d'infinis échos. Jacques Copeau, devant des épreuves corrigées par Proust, s'écriait : «Mais c'est un nouveau livre !» C'est que, en vivant, en transformant en aventures la découverte du sens, de l'art et du passé, Proust réinfusait à son texte cette «surnourriture» qui lui donne son incomparable richesse et fait que la Recherche s'égale, selon l'expression de Jean-Yves Tadié, à «la somme de ses états successifs». D'où la formule de cette édition, aujourd'hui complète puisque vient de paraître le tome IV : elle offre à la fois l'oeuvre et la biographie de l'oeuvre. Le texte définitif du roman est paré de «ce merveilleux vernis qui brille du sacrifice de tout ce qu'on n'a pas dit» (Sésame et les Lys) ; mais les brouillons de Proust sont également là, nous donnant ce privilège, nouveau, d'accompagner l'auteur dans sa descente vers toujours plus de profondeur. La présente édition, qui se veut la meilleure exposition possible des textes de Proust, ouvre aussi toutes grandes les portes de l'atelier de l'artiste, un atelier semblable à celui d'Elstir, tapissé d'esquisses. Comme le romancier en jetant sur son ouvrage un regard rétrospectif lui confère son unité, le lecteur, qui peut envisager l'oeuvre dans tout son relief, dispose désormais
des éléments nécessaires, depuis les cryptes jusqu'à la flèche, pour reconstruire la cathédrale. -
à la recherche du temps perdu : Intégrale Tomes 1 à 7
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Quarto
- 19 Septembre 2019
- 9782072876042
Nouvelle édition sous étui illustré
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«Que celui qui pourrait écrire un tel livre serait heureux, pensais-je, quel labeur devant lui ! Pour en donner une idée, c'est aux arts les plus élevés et les plus différents qu'il faudrait emprunter des comparaisons ; car cet écrivain, qui d'ailleurs pour chaque caractère en ferait apparaître les faces opposées, pour montrer son volume, devrait préparer son livre minutieusement, avec de perpétuels regroupements de forces, comme une offensive, le supporter comme une fatigue, l'accepter comme une règle, le construire comme une église, le suivre comme un régime, le vaincre comme un obstacle, le conquérir comme une amitié, le suralimenter comme un enfant, le créer comme un monde sans laisser de côté ces mystères qui n'ont probablement leur explication que dans d'autres mondes et dont le pressentiment est ce qui nous émeut le plus dans la vie et dans l'art. Et dans ces grands livres-là, il y a des parties qui n'ont eu le temps que d'être esquissées et qui ne seront sans doute jamais finies, à cause de l'ampleur même du plan de l'architecte. Combien de grandes cathédrales restent inachevées !» Marcel Proust, Le Temps retrouvé.
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Parue il y a quatre-vingts ans dans une revue éphémère, cette nouvelle de marcel proust, oubliée de tous, a été retrouvée par philip kolb.
Elle avait été publiée en 1896, dans la vie contemporaine. on peut penser qu'elle fut écrite en 1893, alors que proust avait vingt-deux ans.
On retrouvera avec amusement et curiosité, dans cette oeuvre de jeunesse, bien des thèmes et des mots proustiens : les crises d'asthme, les cattleyas, l'opéra, et surtout une étude de la cristallisation de l'amour qui est déjà celle qui sera développée dans un amour de swann et dans l'analyse des sentiments que le narrateur de la recherche porte à la duchesse de guermantes et à albertine.
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Les soixante-quinze feuillets ; le roman de 1908
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Blanche
- 1 Avril 2021
- 9782072931710
Graal proustien, les «soixante-quinze feuillets» de très grand format étaient devenus légendaires. La seule trace qui en existait était l'allusion qu'y faisait Bernard de Fallois, en 1954, dans la préface du Contre Sainte-Beuve. En 1962, ils n'avaient pas rejoint la Bibliothèque nationale avec le reste des manuscrits de l'auteur de Swann. Leur réapparition en 2018 à la mort de Bernard de Fallois, après plus d'un demi-siècle de vaines recherches, est un coup de tonnerre.Car les insaisissables «soixante-quinze feuillets» de 1908 sont une pièce essentielle du puzzle. Bien antérieurs au Contre Sainte-Beuve, ils ne font pas que nous livrer la plus ancienne version d'À la recherche du temps perdu. Par les clés de lecture que l'écrivain y a comme oubliées, ils donnent accès à la crypte proustienne primitive. «Un livre est un grand cimetière où sur la plupart des tombes on ne peut plus lire les noms effacés», lit-on dans Le Temps retrouvé : mais ici, le temps n'a pas encore effacé tous les noms.
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«Il n'y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré. Tout ce qui, semblait-il, les remplissait pour les autres, et que nous écartions comme un obstacle vulgaire à un plaisir divin : le jeu pour lequel un ami venait nous chercher au passage le plus intéressant, l'abeille ou le rayon de soleil gênants qui nous forçaient à lever les yeux de la page ou à changer de place, les provisions de goûter qu'on nous avait fait emporter et que nous laissions à côté de nous sur le banc, sans y toucher, tandis que, au-dessus de notre tête, le soleil diminuait de force dans le ciel bleu, le dîner pour lequel il avait fallu rentrer et pendant lequel nous ne pensions qu'à monter finir, tout de suite après, le chapitre interrompu, tout cela, dont la lecture aurait dû nous empêcher de percevoir autre chose que l'importunité, elle en gravait au contraire en nous un souvenir tellement doux (tellement plus précieux à notre jugement actuel que ce que nous lisions alors avec amour) que, s'il nous arrive encore aujourd'hui de feuilleter ces livres d'autrefois, ce n'est plus que comme les seuls calendriers que nous ayons gardés des jours enfuis, et avec l'espoir de voir reflétés sur leurs pages les demeures et les étangs qui n'existent plus.»
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à la recherche du temps perdu : Intégrale Tomes 1 à 4
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 12 Septembre 2019
- 9782072862007
Coffret de quatre volumes vendus ensemble, réunissant des réimpressions récentes des premières éditions (1987, 1988, 1989)
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Jean Santeuil ; les plaisirs et les jours
Marcel Proust
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 29 Septembre 1971
- 9782070106509
«Pourquoi m'a-t-il demandé d'offrir son livre aux esprits curieux ? Et pourquoi lui ai-je promis de prendre ce soin fort agréable, mais bien inutile ? Son livre est comme un jeune visage plein de charme rare et de grâce fine. Il se recommande tout seul, parle de lui-même et s'offre malgré lui. Sans doute il est jeune. Il est jeune de la jeunesse de l'auteur. Mais il est vieux de la vieillesse du monde. C'est le printemps des feuilles sur les rameaux antiques, dans la forêt séculaire. On dirait que les pousses nouvelles sont attristées du passé profond des bois et portent le deuil de tant de printemps morts. Le grave Hésiode a dit aux chevriers de l'Hélicon Les Travaux
et les jours. Il est plus mélancolique de dire à nos mondains et à nos mondaines Les Plaisirs et les jours, si, comme le prétend cet homme d'État anglais, la vie serait supportable sans les plaisirs. Aussi le livre de notre jeune ami a-t-il des sourires lassés, des attitudes de fatigue qui ne sont ni sans beauté ni sans noblesse. Sa tristesse même, on la trouvera plaisante et bien variée,
conduite comme elle est et soutenue par un merveilleux esprit d'observation, par une intelligence souple, pénétrante et vraiment subtile. Ce calendrier des Plaisirs et des Jours marque et les heures de la nature par d'harmonieux tableaux du ciel, de la mer, des bois, et les heures humaines par des portraits fidèles et des peintures de genre, d'un fini merveilleux. Marcel Proust se plaît également à décrire la splendeur désolée du soleil couchant et les vanités agitées d'une âme snob. Il excelle à conter les douleurs élégantes, les souffrances artificielles, qui égalent pour le moins en cruauté celles que la nature nous accorde avec une prodigalité maternelle. J'avoue que ces souffrances inventées, ces douleurs trouvées par génie humain, ces douleurs d'art me semblent infiniment intéressantes et précieuses, et je sais gré à Marcel Proust d'en avoir étudié et décrit quelques exemplaires choisis. Il nous attire, il nous retient dans une atmosphère de serre chaude, parmi des orchidées savantes qui ne nourrissent pas en terre leur étrange et maladive beauté. Soudain, dans l'air lourd et délicieux, passe une flèche lumineuse, un éclair qui, comme le rayon du docteur allemand, traverse les corps. D'un trait le poète a pénétré la pensée secrète, le désir inavoué. C'est sa manière et son art. Il y montre une sûreté qui surprend en un si jeune archer. Il n'est pas du tout innocent. Mais il est si sincère et si vrai qu'il en devient naïf et plaît ainsi. Il y a en lui du Bernardin de Saint-Pierre dépravé et du Pétrone ingénu. Heureux livre que le sien ! Il ira par la ville tout orné, tout parfumé des fleurs dont Madeleine Lemaire l'a jonché de cette main divine qui répand les roses avec leur rosée.» Anatole France, Paris, le 21 avril 1896. -
«Puis-je appeler ce livre un roman? C'est moins peut-être et bien plus, l'essence même de ma vie, recueillie sans y rien mêler, dans ces heures de déchirure où elle découle. Ce livre n'a jamais été fait, il a été récolté. Et ce n'est pas une excuse pour ma paresse. J'aurais pu le protéger des orages, travailler la terre, l'exposer au soleil et, si je peux le dire, mieux situer ma vie. Dès que la vue de la nature, la tristesse, ces rayons qui par moments, sans que nous les ayons allumés, luisent sur nous, me déliaient pour un instant des glaces de la vie mondaine...»Marcel Proust, Jean Santeuil.De cette récolte, il reste une grande part de mystère:plus de mille pages manuscrites retrouvées dans un garde-meuble, «oubliées» en quelque sorte par Proust et exhumées en 1952. Parce que ce roman de jeunesse - Proust a entre vingt-cinq et vingt-huit ans quand il l'écrit - reste inachevé, dans l'ombre écrasante d'À la recherche du temps perdu, il est rarement lu par les proustiens eux-mêmes. Pour nous, qui sommes aujourd'hui de plus en plus sensibles à la liberté et à la force des esquisses, ces pages, éditées ici au plus près du manuscrit, offrent la découverte d'un livre inconnu où le génie naissant éclate à chaque phrase.
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«M. Gallimard et moi avons réuni dans ce volume, sous le titre de Chroniques, un ensemble d'articles de mon bien-aimé frère Marcel Proust, articles parus au cours d'une période de trente années qui va de 1892 à 1921. La plupart de ces articles ont été publiés dans Le Figaro avec la direction duquel mon frère entretint toujours les plus amicaux rapports. Dès 1900 Gaston Calmette lui avait témoigné la sympathie la plus affectueuse en lui offrant la plus large hospitalité dans son journal, ce dont Marcel lui fut toujours très reconnaissant et le remercia plus tard en lui dédiant «Du côté de chez Swann», et avec Robert de Flers Marcel noua dès le collège les liens d'une amitié profonde qui ne s'est jamais démentie.
En dehors de ces articles publiés dans Le Figaro, les autres articles que contient ce volume ont paru dans Le Banquet, dans Littérature et critique, dans La Revue Blanche, dans La Nouvelle Revue Française. C'est dans La N.R.F. dirigée alors par le cher Jacques Rivière et qui était pour Marcel comme son foyer, qu'ont été publiés en 1920 et 1921 ses derniers articles.
Pour classer ces diverses études, nous les avons groupées sous quatre rubriques : Les salons. La vie de Paris - Paysages et réflexions - Notes et souvenirs - Critique littéraire.
Nous avons pensé que les lecteurs d'À la recherche du temps perdu seraient heureux de connaître de Marcel Proust jusqu'aux plus reculées de ses oeuvres de jeunesse et de pouvoir ensuite suivre pas à pas l'évolution de sa pensée.» Robert Proust, septembre 1927.
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«Illustrer n'ajoute rien à la compréhension d'un texte. Je n'ai donc pas illustré Un amour de Swann, je me suis permis de décorer les marges. Orner. Cependant mon crayon a commis des infractions, quelques allusions d'une couleur sanguine : l'éclisse d'un violon, la courbe d'une robe, d'un dos, d'une chevelure, la canne théâtrale de Charlus. C'est alors que je me suis vu, côté cour, ajouter un va-et-vient pendulaire - le Temps, n'est-ce pas. Sorte de dessin animé primitif qui, d'un bout à l'autre de l'ouvrage, passe.» Pierre Alechinsky.